2017年6月16日星期五

Affaire du petit Grégory : une tragique énigme de 32 ans

Affaire du petit Grégory : une tragique énigme de 32 ans

Affaire du petit Grégory : une tragique énigme de 32 ans

Un spectaculaire rebondissement dans l'affaire du petit Grégory a conduit mercredi aux auditions et aux gardes à vue de cinq membres de la famille Villemin.

En octobre 1984, le corps du petit Grégory était découvert dans la Vologne, à quelques kilomètres de son domicile de Lépanges.

15 juin 2017, 6h00 | MAJ : 15 juin 2017, 18h14

Ce 16 octobre 1984, Grégory Villemin, 4 ans, joue devant le pavillon que ses parents, un couple d'ouvriers, ont fait construire deux ans auparavant à Lépanges-sur-Vologne (Vosges). Il fait un peu froid, sa mère Christine lui a mis un bonnet de laine. Son père, Jean-Marie, 26 ans, contremaître dans une usine de pièces automobiles, est encore au travail.

Vers 17h30, le téléphone retentit. «Est-ce que le petit est avec toi ?», s'enquiert auprès de Christine l'un des frères de Jean-Marie. Celui-ci vient de recevoir ce terrifiant appel anonyme : «Je me suis vengé, j'ai pris le fils du chef et je l'ai jeté dans la Vologne.» Dehors, Grégory n'est plus là...




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L'ombre du corbeau qui harcèle la famille plane dès le début sur l'enquête

A 21h15, le corps de l'enfant, pieds et mains liés par des cordelettes, son bonnet enfoncé sur la tête, est découvert dans la Vologne, à Docelles, 6 kilomètres plus loin. Lorsqu'un pompier le sort de l'eau glacée de la rivière, des photographes sont là. L'image, terrible, émeut la France entière. Les médias déferlent sur la vallée. L'instruction, d'abord confiée à un jeune juge d'Epinal avant d'atterrir à Dijon (Côte-d'Or), débute sous cette pression. L'ombre d'un mystérieux corbeau - qui harcèle le couple et d'autres membres de la famille depuis plusieurs années - hante l'affaire. Le lendemain de l'assassinat de leur fils, les Villemin ont reçu une lettre, postée le jour du crime : «J'espère que tu mourras de chagrin, le chef. Ce n'est pas ton argent qui pourra te redonner ton fils. Voilà ma vengeance, pauvre con.»

Après la mort de Bernard Laroche, la mère accusée à son tour

Émaillée de multiples ratés - une scène de crime piétinée, une autopsie incomplète, un juge versatile - dans une atmosphère de dérive médiatique, l'enquête judiciaire tourne au fiasco et au drame. Inculpé pour l'assassinat puis libéré, Bernard Laroche, dont le mobile aurait été la jalousie à l'égard de son cousin Jean-Marie, sera tué d'un coup de fusil par celui-ci. «Ce crime a tout bouleversé. La mort de Laroche supprimait d'un coup l'espoir de résoudre l'affaire», se souvient le colonel Etienne Sesmat, capitaine à l'époque.




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En 1985, le dossier est confié à la PJ, qui prend le contre-pied des militaires et cible désormais la mère de l'enfant, Christine Villemin. La thèse d'une «mère sorcière» inspire jusqu'à l'écrivaine Marguerite Duras, dont la tribune «Sublime, forcément sublime Christine V.» fait grand bruit.



Dijon (Côte-d'Or), octobre 1989. A l'époque, Christine Villemin (à droite, ici à côté de son mari) est encore inculpée d'assassinat.

«Absence totale de charges», concluront les magistrats neuf ans plus tard. Leur décision ne se contente pas d'innocenter la jeune mère. Elle souligne aussi : «En définitive, il existe contre Bernard Laroche des charges très sérieuses d'avoir enlevé Grégory Villemin le 16 octobre 1984.» Ce qui réhabilite l'hypothèse initiale d'une implication du cousin. Mais le crime, lui, reste une énigme et deux camps irréconciliables s'opposent, divisant l'opinion en «pro-Villemin» et «pro-Laroche», note la chercheuse Claire Sécail («le Crime à l'écran», 2010).

L'affaire Grégory, dossier clos avant d'être rouvert en 2008 sous l'impulsion des parents, n'a jamais cessé de passionner la France. Elle a nourri quelque 3 000 articles de presse, une cinquantaine de travaux universitaires, un téléfilm, une quinzaine d'ouvrages...


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Les parents ont refait leur vie loin des Vosges

L'avocat historique de la famille Laroche, Me Gérard Welzer, qui a connu tous les rebondissements et les dérapages du dossier, s'affirmait prudent, mercredi. «Cela fait plus de trente ans qu'on nous annonce une semaine décisive.» De son côté, Me Thierry Moser, l'avocat des parents de Grégory, ne cache pas sa satisfaction : «Un travail monumental et de qualité a été réalisé.»




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Ses clients, Jean-Marie et Christine Villemin, parents de trois autres enfants, ont poursuivi leur vie. Loin des Vosges. Sans perdre l'espoir de connaître la vérité. A l'ancienne journaliste d'Europe 1 Laurence Lacour, qui lui demandait qu'elle était son rêve il y a trois ans, Christine Villemin avait répondu : «Que l'enquête aboutisse.»



Lépanges-sur-Vologne (Vosges), le 20 octobre 1984. Christine et Jean-Marie Villemin (devant le cercueil) effondrés à l'enterrement de leur petit garçon.

Les dates clés

1984. Le corps de Grégory est découvert dans la Vologne, le 16 octobre.

1985. Jean-Marie Villemin abat, le 29 mars, Bernard Laroche, inculpé de l'assassinat de Grégory, qui niait les faits et venait d'être remis en liberté. En juillet, Christine Villemin est inculpée d'assassinat.

1987. L'affaire Grégory est dépaysée à Dijon (Côte-d'Or).

1993. En février, Christine Villemin obtient un non-lieu pour « absence totale de charges ». Son mari est condamné en décembre à quatre ans de prison pour le meurtre de Bernard Laroche.

2008. Le procureur général de Dijon, Jean-Marie Beney, rouvre le dossier en ordonnant des expertises ADN sur divers scellés.

Le Parisien


Z88

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